(TF1, 12 02 11, « Danse avec les stars » en prime time)
Cher Dédé, Monsieur Manoukian,
Je dois me confesser, une fois de plus et je le fais bien volontiers auprès de vous, car le mot : « confesser » pourrait vous inspirer des réflexions philosopho-ésotériques de qualité, et qui constituent une part de votre charme animal.
J’ai regardé une émission inavouable, au hasard sur TF1, « Danse avec les stars », un divertimento du Samedi soir, dans lequel vous vous êtes brillamment illustré. Ne soyez pas modeste, je vous ai vu. C'est une sorte de télé-crochet dansant pour VIP... On nous l'avait annoncé avec des teasings ravageurs, comme on nous annonce, sur France 2, les téléfilms historiques et hystériques avec Anne Parillaud. C’est dire si c’était prometteur.
En plus, j’étais en retard parce que ma copine Laetitia m’avait encore embêtée, elle n’avait rien fait à part ce qu’elle fait d’habitude, c’est-à-dire rien, justement, mais ce soir-là, ça m’énervait. J’avais besoin de m’énerver contre quelqu’un et puis est-ce que je me mêle de votre vie privée, sans blague...
J’étais donc en retard et j’ai essayé sans succès de mettre en route ma fonction TV sur mon téléphone portable, qui n’est même pas un smartphone. Quand vous allez dans un SAV de téléphonie avec cet objet dans les mains, on vous regarde avec un air de profonde commisération. J’ai finalement réussi à trouver l’image en HD sur l’écran minuscule, mais c’était trop tard, j’étais déjà chez moi et devant ma télé. C’est bête, la vie.
Je suis arrivée au moment où la grande Marthe Mercadier, actrice, 82 ans, expliquait, extatique, qu’elle était pleine d’énergie et bien vivante, après quelques images sympathiques de répétitions avec un jeune partenaire tout acquis à sa cause. Marthe entrait en scène en direct, en mini-robe lamée or et bords à fanfreluches - et ce n’est que la stricte vérité -, maquillée comme une panthère (la panthère, c’est comme une voiture volée : elle a l’art du camouflage). La musique était pleine d'à propos : "Lady Gaga" (sic?), ce qui donnait à peu près : « aen-aen hen hen heiinn, aen aen-hen hen heiinn… ». (N.B Pour la mélodie, prenez trois notes au hasard sur le Clavinova de vos enfants). Mademoiselle Mercadier se lançait dans une chorégraphie, pardon, une "choré." formidable, où son « gigolino » faisait les 3/4 du boulot.
Soyons honnêtes : c’était loin d’être nul, d’abord parce que la dame faisait preuve d’une vitalité ébouriffante, avec montée de gambette finale qui m'a laissée toute émue. (Voir photo illustrant l'article de Véronique Groussard, "Mémé est épatante", p. 20 du "TéléObs" du 16 au 22/07/11). Et puis le côté baroque de l’affaire a retenu mon attention.
Vous avez été bien courageux de tenir toute l'émission, Monsieur Manoukian. Certes, vous n'avez tenu qu'une émission, mais ce n'est pas la quantité qui compte... Quand on aime, on ne compte pas...
Parmi les épreuves que vous avez stoïquement traversé, il y avait d'abord celle de l'animateur, un beau gosse chic prénommé Vincent Cerruti. Il ressemblait à un mélange chirurgical d’Olivier Minne avant les stéroïdes anabolisants, avec un zeste de Sacha Distel (paix à son âme), maquillé et coiffé comme une panthère, lui aussi, mais en moche. Il y avait également Sandrine Quétier. La vie est cruelle, parfois... Ensuite, il y avait des « proches » dans le public, les "petites filles" de l’actrice : deux jeunes femmes normales et sympathiques, dont on lisait l’angoisse bien compréhensible sur le visage. Enfin, le jury, avec une pouffe pigeonnante en robe blanche « Marylin ». J’ai finalement reconnu, avec une pointe de désespoir, Alessandra Martinez, l’une des 20 ex-femmes de Claude Lellouch, ce qui me fait penser que Lellouch les abîme soit pendant leur vie de couple, soit au moment de la rupture, mais en tout cas, il les abîme vraiment beaucoup. À côté d’Alessandra Marti-Pouffe, il y avait un canadien avec une horrible voix de fausset qui criait tellement fort que Frankenstein, le présentateur, lui fit remarquer au milieu de l’émission qu’il fallait baisser d’un ton. Je vous laisse imaginer la régie dans l’oreillette : « rhhààa, Coco, dit à ce crétin d’arrêter de hurler, on peut plus régler le son, merdre !! ». Enfin le troisième membre du jury était un chorégraphe hispanisant et pittoresque, assez bigarré lui aussi, mais ça passait bien à côté des deux autres.
On a eu droit à des « stars » formidables, comme Bigard (bonjour, tristesse), M. Pokora, Adriana Karembeu, qui danse comme un mannequin, Sophia Essaïdi, qui danse comme une danseuse, David Ginola, qui danse comme un footballeur et Rossy de Palma, qui ne danse pas vraiment... Tout ce monde était accompagné de professionnels aguerris, champions de concours latino, autant dire très doués, mais également très portés sur les balancements de croupes et déhanchés du meilleur goût. Je mentionne tout de même le cavalier de Rossy de Palma, un petit gars pétillant et plein de charme, qui relevait le niveau général.
Et puis il y avait vous, Dédé, tout pataud, tout inquiet, tout intimidé et ça, mon coquin, c’est un truc infaillible pour attirer les femmes. Vous étiez moulé dans un pantalon à pince avec gilet ajusté, équipé de talonnettes qui me font penser que l’on vous en veut terriblement, à TF1. Avec la choré. qu’on vous a collé, vous aviez le charme d’un Demis Roussos anorexique, l’aisance d’un bonobo dans un raout mondain et le rythme fou de Maurice, quand il danse au bal à Lille après sa huitième bière.
Mon Dédé, j’ai adoré votre prestation - et je ne plaisante pas -. Il y avait, dans cette incertitude, dans cette hésitation et dans ces efforts appliqués une qualité, une poésie, une promesse d’émotion que je n’ai pas vue chez d’autres candidats ; un tout petit peu chez David Ginola, qui vous a battu sur le fil, tout ça parce qu’il a de beaux yeux (tu sais) et un petit air conquérant et joyeux qui me fait penser au copain de ma copine Clémentine, qui est une fille très bien.
Monsieur Manoukian, il est des concours qu'il vaut mieux perdre... Jusque-là, je me méfiais de votre réputation de tombeur de jeunes filles en fleur, mais maintenant, avec vos jolies défaillances, je commence à vous trouver très sympathique.
Osée Osa ®
14 février 2011